Iulia Corduș
Universitatea „Ștefan cel Mare”, Suceava
Deux versions françaises des contes de Ion Creangă : passé et présent
La communication que nous visons réaliser se concentre sur deux cas de traduction du roumain vers le français des œuvres de l’écrivain roumain Ion Creangă. En mettant l’accent sur le paratexte du traducteur, notre objectif est de mettre en parallèle une traduction datant de 1931 et une autre de date beaucoup plus récente, 2016.
Bénéficiant d’une préface signée par Nicolae Iorga, la traduction de 1931 du couple de traducteurs Stanciu Stoian et Ode de Chateauvieux Lebel se remarque par un grand nombre de notes en bas de page, mais aussi d’une ample préface des traducteurs. En plus, le Roumain et la Française qui signent la traduction élaborent aussi une note pour chaque conte traduit, pour éclaircir les sens de chaque élément culturel inédit pour le public cible de la traduction.
La traduction signée par Dominique Ilea, publiée aux éditions L’Harmattan en 2016, contient l’œuvre de l’écrivain roumain, transposé en français grâce aux intéressantes similarités stylistiques avec les écrivains classiques, mais aussi grâce à la sympathie envers l’attitude rebelle du personnage central des Souvenirs d’enfance:
Ion Creanga est, jusqu’au bout de la langue, un conteur emporté par son récit qu’à son tour il transcende en maître. Quand ses contes et ses histoires nous renvoient au « Décaméron », au « Federigo » de Mérimée ou encore aux « djinns » et autres « éfrits » des Mille et une nuits, ses « souvenirs d’enfance » penchent du côté de « Lazarillo de Tormes » pour offrir un récit autobiographique des aléas d’un gamin tout sauf modèle mais croquant la vie... (le quatrième de couverture de l’édition mentionnée ci-dessus)
Notre but est d’analyser les paratextes et les deux styles de travail des traducteurs, pour y trouver les éléments communs ou divergents de deux traductions situées à une distance de 85 ans. En nous basant sur les idées incontournables de Gérard Genette, qui a théorisé le concept de paratexte, mais aussi sur les contributions plus récentes des traductologues qui étudient les éléments paratextuels dans la compréhension et la critique des traductions, nous nous proposons de découvrir la personnalité des traducteurs et d’observer le projet de traduction derrière chaque version française de l’œuvre de Ion Creangă.
Un objectif secondaire de notre démarche consiste en saisir l’évolution diachronique du rôle et des stratégies du traducteur d’une œuvre si provocatrice. De ce point de vue, nous analyserons aussi quelques éléments provenant de la terminologie et phraséologie à référence gastronomique. Les contes de l’auteur roumain contiennent une multitude de termes, phraséologismes et dictons liés à l’alimentation, qui contribuent à la formation de l’image de l’univers rural roumain. La nourriture est le véhicule qui transporte les rituels religieux, les symboles de l’abondance ou de la pénurie et surtout l’humour spécifique à cet écrivain classique. À travers les choix qu’ils opèrent et les paratextes des traductions, nous élaborerons aussi un bref portrait des traducteurs étudies, pour mettre en évidence les principes théoriques qui ont guidé leur activité traductive.